Votre salle d’exposition numérique n’a rien à envier à aucun musée.Manet,en son temps,aurait sans aucun doute été heureux de reposer ses yeux,baigner son regard dans cette composition ou les formes, les teintes et les couleurs se joignent harmonieusement les unes aux autres.
Vos planches mi fantastiques,mi réalistes sont tout sauf des natures mortes.Votre dévouement n’a non plus rien d’un activisme et votre citoyenneté de proximité vaut bien celle ,à l’échelle mondiale ,des décideurs économiques et politiques réunis à Davos,la veille de cette trêve.Votre fresque mi manga coloré,mi bande dessinée,nous détourne des discours qui enferment l’être humain dans son malheur.Pour nous tourner les uns vers les autres:ici , faire une bise à son épouse lors d’une investiture,là émettre une parole encourageante pour les autres alors qu’on est soi-même en conflit.Parce que la petite fille au cerf-volant ,dénutrie, n’a plus la force de lever son bras gauche,parce que le bras gauche de la maman tenant son bébé n’est plus dans la lumière,parce ceux du combattant du Hamas ne sont pas donnés à voir,parce que le papa prend ses mains pour qu’on ne voit pas s’effondrer son visage;toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.Parce que la peur de l’inconnu .D’un côté le chat lève la patte gauche ; le sable ocre est source de lumière ,de l’autre,le chien lève la patte droite ; c’est le ciel qui laisse passer les rayons obliques du soleil parce que les créatures humain.es ne la reçoivent plus d’aucun créateur ;implorant qu’elle les ramène d’où elles viennent.
« Les bras nous en tombent » dit -on ici;là,sur l’image ,les chiffres avec lesquels on peut compter à l’infini le nombre d’étoiles dans le ciel sont par terre. Les Nuits et les Brouillards mis en film par Alain Resnais risquent de ressurgir de ces nuages de poussière;tandis que les habitations s’écroulent,le mouton aurait la vie sauve tandis que le patriarche Abraham porte le linceul de sa descendance sur les genoux.Il penche la tête en signe de désapprobation.Sa voix s’est tue ;celle d‘une humanité à l’écoute,ne s’entend plus.
A peine vôtre petite Mafalda laisse-t-elle s’échapper son cerf-volant et les espoirs colorés d’un drapeau flottant au vent que déjà vôtre fils spirituel accompagné de son chat bondit à son secours.
La lumière de son flambeau l’éclaire avant qu’elle ne pousse un cri,celui célèbre de la Maffalda de Quino « arrêter le monde,je veux descendre ».Il s’élance, traversant le temps, juste au dessus du numéro figurant la date de l’année.Quittant l’ arbre décharné, la colombe aux ailes déployées le suit,le chat qui ,paraît-il, a sept vies l’accompagne. Le prophète Mahommet les protégeait.Ces vocalises de Louane dans « je vole »traverseront-elles l’espace ?.Mes chers parents, je pars.
Je vous aim’et je pars.
Vous n’aurez plus d’enfant, ce soir
Je n’m’enfuis pas,je vole
Comprenez bien, je vole
Sans fumée, sans alcool
Je vole,je vole (…)
J’me demande sur ma route
Si mes parents se doutent
Que mes larmes ont coulé
Mes promesses et l’envie d’avancer
(…)
C’est bizarre cette cage
Qui me bloque la poitrine
Je ne peux plus respirer
Ça m’empêche de chanter
Son enjambée fantastique est à la hauteur du nom d’Aladin,signifiant la religion élevée en arabe ,titre de l’un de ce beau conte traditionnel inclus dans le recueil « des Mille et une nuits ».Souvenons-nous que sa lampe magique renferme un génie capable d’exaucer les vœux.Le regard pétrifié de l’enfant à qui il ne reste plus qu’un bras droit nous interpelle. « Irréconciliable,ce monde est-il sérieux ? »En ce jour en demi-teinte la voix un peu grave de Francis Cabrel,dans Corrida,se fait entendre.
Depuis le temps que je patiente
dans cette chambre noire
j’entends qu’on s’amuse et
qu’on chante au bout du couloir
(…)
Dans les premiers moments, j’ai cru
Qu’il fallait seulement se défendre.
Mais cette place est sans issue,
Est-ce que ce monde est sérieux ?
J’en ai poursuivi des fantômes
(…)
J’ai prié pour que tout s’arrête
Est-ce que ce monde est sérieux ?
Je les entends rire comme je râle.
Je les vois danser comme je succombe.
Frédoune mis en ligne de 27012025
Je commente ici une planche exposée le 31 décembre2024 sur sa page facebook et précédée de ces mots de William Shakespeare : « Fermez les portes sur l’esprit de la femme et il s’échappera par la fenêtre ; fermez la fenêtre et il s’échappera par le trou de la serrure;bouchez la serrure et il s’envolera avec la fumée par la cheminée.
Notre regard au lieu de descendre du haut droit de l’image vers le bas à gauche remonte le long d’ une ligne de force que Yas a façonné.
Le revêtement de la maison est abîmé, la façade est lézardée laissant paraître au jour quelques pierres de taille.
Une souffrance a-t-elle laissé une trace, s’est-elle inscrite là ?
Nous ne le saurons pas,l’intérieur de la demeure est peinte en noir ,comme les yeux de cette dame à la fenêtre dont l’intimité est un ailleurs pour nous, inaccessible. La lumière au centre jaillit de son vêtement bleu mais notre regard s’envole vers les oiseaux de toutes les couleurs.Trois d’entre eux quittent la cage,posée sur le rebord.
Une petite ombre pour chacun s’imprime sur le mur.
Les battement d’ailes dispersent bientôt notre attention.Trois autres se sentent bien posés là.L’un fait le clown et reste là ,déployant ses ailes,tenant compagnie aux autres.
L’ oiseau bleu pourrait être un oiseau lyre. Il est parti ,tout en haut, dans la direction où la dame regarde tel un ange gardien.
L’ogive est une forme d’ouverture courante dans les murs des lieux sacrés.L’ocre de la terre sablée, la couleur feu orange de la brique se complètent.Ces oiseaux ressemblent à des mots échappés du vide,noir et silencieux qui nous habite.Cette notion de vide est manifeste par la présence de cette cage qu’ils ont quittée.La forme de celle-ci rappelle en miniature celle de l’ouverture dans le mur.Les oiseaux ne sont-ils pas des messagers entre le ciel et la terre ,entre le passé et le futur,comme les mots.Le temps est semblable à une page blanche.Lorsqu’il est habité par une prière,traversé par une pensée,embelli par le geste d’un artiste, il devient un lieu pour l’âme.
Merci pour tous les proches de Louise.
Dans les planches de Yas ,qu’on trouve sur facebook à son nom Yassin Latrache,j’apprécie la formidable façon de dessiner un ensemble.Dans ses tableaux rien n’a l’air d’un détail,tous les éléments se répondent,participent du sens.Rien n’est mêlé arbitrairement, le dessinateur un peu poète ,un peu philosophe,fait en sorte que nous regardions au-delà des apparences.Les dessins sont d’ailleurs accompagnés d’une citation invitant à la réflexion.ici « Le meurtre n’est pas seulement la mort d’un corps, c’est l’effacement d’une mémoire, d’une histoire, d’un avenir. » Elie Wiesel . Dans tous ses dessins rien ni personne n’est là seulement pour s’afficher,se montrer et prendre le dessus. Il propose ,tout en douceur ,ce que nous disons en sciences sociales être une lecture du monde. Sa lucidité accueille la tolérance sans concessions inutiles.Cette lecture du quotidien donne envie de rester soi-même,malgré le désarroi.Ses peintures désignent un vécu inachevé.Toutes mes félicitations à cet artiste dont un dessin est présenté par Cartooning for peace en une du journal Le Monde en date du lundi 11 février.